Le dernier rapport sur la situation de l’enfance menacée est d’une importance capitale à plus d’un titre. D’abord, les données qu’il dévoile dépassent de loin les chiffres enregistrés au cours des deux années précédentes et montrent une détérioration plus importante de la situation. Ensuite, il s’avère que les mesures adoptées depuis longtemps ne peuvent plus donner les résultats escomptés et que, du coup, des approches diversifiées doivent être mises en œuvre. Enfin, il est nécessaire, parmi ces nouvelles approches, de ne plus aborder de telles situations sous forme de shows médiatiques.
Dans ce domaine, la discrétion et le professionnalisme doivent être de mise. Cela fait, justement, partie de la protection de l’enfance en général et de l’enfance menacée en particulier.
Selon les autorités officielles, les signalements sur l’enfance menacée reçus par les délégués à l’enfance dans toutes les régions du pays ont atteint des seuils jamais enregistrés.
Menaces multiples
On estime ces signalements à 20.845 jusqu’au 15 décembre contre 15.202 pour 2020 et 17.069 pour 2021. Soit une augmentation de 3.776 nouveaux cas en moins de deux ans.
Quand on parle de menaces contre l’enfance, il ne faut pas exclure les menaces qui guettent les enfants dans leur environnement immédiat, à savoir la famille, la rue ou l’école. Dans le premier cas de figure, le ministère de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des Personnes âgées signale dans son rapport que les situations menaçantes à domicile ont atteint 60.5 % en 2020 contre 59.3 en 2021. En deuxième position vient la rue avec respectivement un taux de 19.1 et 20.2 %. La troisième position revient à l’école où on a enregistré des taux de 9 % en 2020 et 11 % en 2021.
La détérioration de la situation nécessite, comme on l’a précisé, de nouvelles méthodes de travail et l’amélioration des conditions d’encadrement et d’accompagnement.
Il ne faut pas négliger l’autre volet qui prend de plus en plus d’ampleur. C’est celui des naissances hors du cadre matrimonial. Sur ce point, on note une hausse manifeste du nombre de cas. En effet, on a compté 802 cas d’accouchement hors mariage. Pour cette année, ce chiffre a atteint 868 cas à fin novembre dernier.
Toutefois, ces statistiques officielles ne reflètent pas tout à fait la réalité, d’où la nécessité d’être plus prudent et d’appréhender le phénomène avec plus d’objectivité et de pédagogie.
Car le traitement de tels sujets se fait, aujourd’hui, presque sur la “voie publique”. N’importe quelle organisation peut se saisir de ces données pour en faire des sujets de tables rondes et de débats télévisés sur des plateaux dont le but est de faire le show et le spectacle aux dépens de la dignité des personnes concernées.
Respecter la dignité humaine
Les responsables de ces agissements doivent comprendre que ces dossiers éminemment humains ne peuvent être traités de la sorte. La tâche reviendrait aux spécialistes, aux experts et autres officiels chargés de telles questions. Il est vrai que ce qu’on appelle la liberté d’accès à l’information est devenue un droit. Mais de là à en faire le pire des usages, il y a loin.
Le respect de la dignité humaine, notamment dans ce dossier, doit être privilégié.
On ne peut pas jeter en pâture des informations aussi délicates qui ne tarderont pas à être exploitées à des fins politiques ou autres. Un minimum de discrétion est requis dès lors qu’il s’agit d’aborder un sujet aussi grave que celui de l’enfance.
Il est malheureux, justement, de constater que des associations se saisissent de ces informations ou d’autres concernant le suicide des jeunes ou les stupéfiants pour en faire leur outil de travail et de promotion de leur “image”.
Faut-il rappeler à tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin à ces dossiers qu’il y a lieu de se prévaloir de tous les garde-fous nécessaires pour analyser la question des personnes menacées telles que les enfants ou les personnes à besoins spécifiques. Ces dossiers doivent être, avant tout, entre les mains des spécialistes et des responsables qui sont seuls habilités à les étudier et à leur apporter les vraies réponses. Les données, si elles doivent être publiées, ne peuvent pas être manipulées ou détournées de leurs objectifs.